Ca y est. Le village bruisse de rumeurs. Ira? Ira pas? Chacun y va de sa petite phrase, chacun sait, chacun croit. Il est un fait, l'affaire fait parler. Après tout, chaque najacois, malgré ses idées, n'est-il pas un peu fier? Plus longue durée de vie élective? Si longtemps! Quelle maestria! Quel savoir-faire! Quand on en parle, ce ne sont que sourires et complaisances. Et puis il y a le saxophone! Quelle rigolade! Quelle gloire! En ce qui me concerne, cela ne m'a jamais rien fait. Indifférent. A présent, c'est l'âge qui fait question. Comme si l'âge y pouvait quelque chose. Jeune ou vieux, quelles différences? C'est sans doute la dernière stupide excuse que se donnent ceux qui n'ont jamais eu aucune intelligence. L'âge n'a rien à faire dans l'histoire. De vieilles, très vieilles personnes sont bien plus capables que de bien plus jeunes. Il n'est qu'à penser à Picasso, Boulez ou Chaplin pour s'en persuader. Pour l'heure les conversations vont bon train. Chacun a son avis. Gagnera-t-il ou pas? Y aura-t-il encore d'assez courageux najacois pour l'accompagner? Faut-il y aller? Avec lui? Contre lui? Seul? A plusieurs? Pour peu on se perdrait en conjectures, tant les avis divergent. La première question que l'on pourrait se poser est de savoir si tout cela a une quelconque importance? J'aurais tendance à penser que non tant les najacois ont pris l'habitude de laisser faire. Y a-t-il eu seulement depuis plusieurs décennies une volonté affichée par une majorité de contrôler budget communal, développement économique, politique touristique, gestion du foncier, employés municipaux, etc.? Y a-t-il eu à un moment ou à un autre une prise de conscience collective qu'un changement pouvait être possible? Non. Et ceux qui s'y sont essayé en marquant vraiment leur opposition en ont payé le prix fort. Je peux en témoigner. Et ce n'est pas tant la défaite qui eut un goût amer (il n'y avait aucune illusion à se faire) que le fait de réaliser qu'il fallait être un "vrai" najacois (ou comment le chauvinisme ordinaire le dispute à la bêtise tout aussi ordinaire) pour avoir la moindre chance. Mais le problème est ailleurs. Pourquoi ne pas se demander s'il est bon qu'un village touristique n'ait que deux conseillers municipaux à habiter dans le centre du bourg, partie la plus visitée et la plus attractive; autrement dit, comment peut-on espérer voir un village bien entretenu et bien géré quand plus de 85 % du conseil municipal n'y habite pas et quand certains de ses membres n'y viennent que de temps à autres? Détail sans doute, mais détail qui en dit long sur le poids réel de la "campagne" dans la gestion de Najac, depuis que les communes de Villevayre et de Najac ont fusionné, donnant au maire de la première la chance de devenir celui de la seconde. Le plus extraordinaire dans l'histoire actuelle est le fait que ce sont les conseillers municipaux élus sur la liste majoritaire les plus prompts à prédire au premier d'entre eux une défaite totale; voire à imaginer tactiques et stratégies pour le déloger d'une place à laquelle il semble encore beaucoup tenir. La traîtrise n'est-elle pas revenue à la mode cette année? Certains se demandent même s'ils doivent se présenter contre ou avec, soupèsent les risques, calculent et s'interrogent. Aucun intérêt. D'abord parce qu'il me semble que ceux qui depuis plusieurs mandats se sont fait élire sont tout aussi comptables de la politique municipale que celui qui l'a menée. N'ont-ils pas voté, années après années, comme un seul homme? Qu'ont-ils fait pour que cela aille autrement? Qu'ont-ils dernièrement argué contre le rachat du village de vacances, contre la gestion du patrimoine foncier de la commune, contre l'entretien déplorable du bourg et de ses accès, contre la construction d'un immeuble fort peu utile sur la place du faubourg? Rien. Alors? Alors la médiocrité va leur servir de canne blanche et ils seront quelques-uns à tenter de "tuer le père" devenu trop encombrant. Quand aux autres ils vont continuer à s'interroger sur la conduite à suivre; et ce jusqu'au jour du terme. Cela signifie que nous aurons le choix entre la trahison et l'indécision. Joli programme. Il reste évidemment la possibilité de s'opposer et de s'organiser dans ce sens. Toutefois, les bonnes volontés, les vrais désirs et les réelles convictions paraissent rares ou muettes. Et en ce qui me concerne, je finis par penser qu'il est souvent plus aisé et agréable de rencontrer l'adversité déclarée que de fréquenter l'inélégante sournoiserie. Avis aux amateurs. FMH