Trois commerçantes du canton de Najac croisant 3 élus fouilladais dans un couloir des bureaux ruthénois de Force Ouvrière. Les salutations plutôt cordiales à l’habitude, se bornent à un rapide échange de poignées de mains.
Sourires et regards un peu crispés.
La situation était certes inhabituelle, mais pas incongrue : chacun des deux groupes en présence venait présenter et défendre son point de vue sur le projet d’implantation du supermarché à La Fouillade (cf. un précédent article), auprès d’une assemblée de membres d’associations de consommateurs dont un représentant devait porter la voix en CDEC* le lendemain (mardi 30 mai).
Tirs croisés
Tiraillés qu’ils doivent être nos élus ! Revendiquant l’impossibilité de se soustraire au respect du principe élémentaire et inaliénable de la liberté d’entreprise, pris sous les tirs croisés de leurs administrés-consommateurs prétendument favorable à la naissance de cette grande surface (même si une pétition locale affirme le contraire), et celui des commerçants de leur bourg (ou canton) leur promettant les feux de l’enfer politique aux prochaines élections…
A n’en pas douter, c’est un moment délicat pour eux, mais l’exercice de la responsabilité politique implique nécessairement ce type de désagrément passager.
A n’en pas douter, ce supermarché présage également un moment difficile pour certains commerçants de La Fouillade et Najac ; mais dans leur cas, l’impact risque d’être plus que passager, les lois du marché étant moins clémentes que les mémoires à trou des électeurs français.
Dans la série « je me fais des amis »…
Supermarché ou pas, que retiendrons nous de cette « affaire » ?
– L’absence de concertation sur un sujet économique de première importance.
– L’omerta qui a entouré le projet jusqu’à ce que M. Authesserre, maire de La Fouillade, fasse voter son conseil à ce sujet et que la presse en ait vent.
– (Ndlr: le 2 juin, retrait d’une phrase visiblement litigieuse qui sera éventuellement rétablie après confirmation de son bien fondé)
– Des commerçants absents de la vie politique de leur bourg ou de leur canton, et dépourvu de pouvoir de décision.
En résumé, une curieuse pratique de la démocratie, qui avait même conduit un conseiller fouilladais, voulant rassurer son auditoire quant au ramdam autour de cette affaire, à dire : « Il ne s’agit que de quelques commerçants, nous allons les tordre ».
Intention relevant de pratiques politiques étrangères à la démocratie…
MB
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*CDEC (Commission départementale d’équipement commercial) : cette commission statut sur les demandes de création de surfaces de vente supérieures à 300m². Présidée par la préfète, elle compte 6 membres votants :
– le maire de la commune concernée par le projet ;
– le président de la Communauté de Communes (ou le conseiller général) ;
– le maire de la commune la plus grande de l’arrondissement ;
– le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) qui représente les commerçants ;
– le président de la Chambre des Métiers ;
– un représentant des consommateurs.