Les résultats enregistrés sur la commune de Najac:
Nombre d’inscrits sur la commune: 655
Nombre de votants: 498 (soit un taux de participation de 76%)
Exprimés: 472
Nuls: 26 (dont 7 votes blancs)
oui: 233 (soit 49,36%)
NON: 239 (soit 50,64%)
Les autres communes du canton:
BOR ET BAR
oui: 63 soit 43,4%
NON: 82 soit 56,6%
LA FOUILLADE
oui: 308 soit 44%
NON: 391 soit 56%
LUNAC
OUI: 147 soit 54,2%
non: 124 soit 45,8%
MONTEILS
oui: 154 soit 44%
NON: 196 soit 56%
SAINT ANDRE DE NAJAC
OUI: 127 soit 51,4%
non: 120 soit 48,6%
SANVENSA
OUI: 192 soit 53,34%
non: 168 soit 46,66%
Ensemble du CANTON
oui: 1224 (soit 48,1%)
NON: 1320 (soit 51,9%)
__________________________________________
Ultime coup de semonce
Le résultat du referendum sur la ratification du traité établissant une constitution pour l’Europe constitue une surprise en raison du nombre d’électeurs à avoir répondu non. Les jeux étaient faits, même si l’on pouvait craindre un raidissement de l’électorat poussé à voter pour le oui par ses défenseurs prompts à prédire toutes sortes de catastrophes en cas de rejet du texte. Ils n’avaient pas vraiment tort d’ailleurs, puisque nous ne pouvions redouter pire catastrophe que de voir revenir Nicolas Sarkozy dans un gouvernement, frère jumeau du précédent désavoué par une majorité de français. Mais avant tout commentaire personnel et désobligeant pour Dominique Galouzeau et son équipe, il nous parait intéressant de tirer quelques enseignements, tout aussi personnels et désobligeants de ce scrutin et des suites qui y furent données.
Il semble à présent entendu que les électeurs non pas seulement répondu à la question posée (« Approuvez-vous le projet de loi qui autorise la ratification du traité établissant une Constitution pour l’Europe? »); mais comment pourrait-il en être autrement? A chaque fois que le peuple est invité à se prononcer, il donne une réponse qui est en partie ou complètement influencé par son état physique et psychologique. Le peuple est comme un être humain; s’il est bien portant et de bonne humeur, sa réponse s’en ressentira; au contraire, s’il est malade et abattu, sa réponse ne peut qu’être maussade. Comment demander à une opinion de faire abstraction de son état? comme si l’on pouvait s’en abstraire. De ce fait, certains disent que passer par un referendum était une erreur grossière du président de la République. N’oublions pas que ce mode de décision lui a été réclamé par les principaux partis politiques du pays, et la faute, si faute il y a, est donc collective; d’autre part, s’il y a danger parfois à passer par referendum (se souvenir de ce qu’il advint en Allemagne en août 1934), demander au peuple de se prononcer sur un texte qui engage son avenir et celui de son pays n’a rien de scandaleux, bien au contraire. Nous souffrons, ainsi que les principaux pays européens, d’un manque d’explications et d’intérêts portés et exprimés au sujet de l’Europe et de sa construction. Il est donc bon, voire salvateur, de commencer à y intéresser les peuples et à leur donner une part dans cette édification.
Ensuite, si une part des électeurs à avoir opté pour le non appartient par idéologie ou par dépit à l’extrême droite et à la droite souverainiste, il n’en reste pas moins que la majorité de ceux-là est issue de la gauche. Extrême gauche trotskiste, jamais prête à gouverner et toujours prête à glisser quelques peaux de bananes sous les pieds du Parti Socialiste(celui des sociaux traîtres…), Parti Communiste Français toujours attaché à ses vieux réflexes du Parti de Moscou qui toujours s’opposa et s’oppose à la construction européenne au nom d’un anti-atlantisme ancré dans sa conscience(ne pas oublier de mentionner qu’aucune leçon ni explication n’ont été tirées dans notre pays de la chute du mur en 1989 et de l’effondrement du bloc communiste, et principalement à gauche; d’où, depuis, l’édification dans les consciences du libéralisme comme mal absolu, avec en arrière plan une menace pour nos libertés; Les discours à gauche et à droite contre le libéralisme au nom de la défense des peuples finira par emporter nos libertés dans un maelstrom totalitaire. On peut être libertaire, défenseurs des libertés et de la justice, de gauche et du côté des plus démunis; rassurez-vous…), alter-mondialistes en mal de partis politiques jaloux de leur autonomie et grâce auxquels « le camp du non » a réussi à toucher un grand nombre d’électeurs, et enfin membres des partis écologiste, radical de gauche et socialiste opposés à la décision prise par les congrès de leur formation respective (ce qui ne manquera pas de poser certains problèmes à ces partis dans un proche avenir). Cet attelage de diverses forces de gauche fut l’occasion pour celles-ci de retrouver le goût de l’unité perdu Depuis de nombreuses années. Cette lutte côte à côte, dans la rue, sur les marchés ou sur les tréteaux des réunions politiques a permis au mouvement de prendre une certaine consistance et ainsi entraîné vers lui de nombreux électeurs.
Mais tout ceci risque de voler en éclats assez vite, en partie du fait des différents états majors et des ego de chacun des dirigeants de ce formations, si rien n’est fait pour continuer dans le même sens et consolider cet ensemble afin de ne pas se présenter aux prochaines élections en ordre trop dispersé.
Mais avant de trop penser à l’avenir, il est peut-être aussi nécessaire d’essayer de voir quelques-unes des raisons du résultat du scrutin du 29 mai dernier. Cette Europe sur laquelle nous devions nous prononcer est devenue au gré des ans une construction complexe, lointaine et bien défendue, conçue par des architectes plus intéressés par leurs techniques de construction que par le but de celle-ci; et bâtie par des ouvriers incapables de communiquer entre eux du fait des différences (comme autrefois dans la tour de Babel) de langages de chacun d’eux (quoi de plus différent qu’un membre du parti travailliste proche de Tony Blair et un socialiste français du Nouveau Monde!) .Cette construction est devenue étrangère aux peuples par manque d’explications de la part des techniciens et des politiques et par manque d’intérêt de la part des opinions publiques, plus enclines à laisser la complexité aux élites qu’à s’en préoccuper elle-même. De ce fait, il est aussi bon de s’interroger sur ce fameux fossé qui tend à se creuser entre ces deux-là; fossé topographié par le rejet par les électeurs du oui défendu par les principaux partis de gouvernement. Si cette incompréhension existe dans d’autres démocraties comparables à la notre, il est tout de même un problème très franco-français, celui du recrutement de nos élites politiques. Une bonne partie des ministres et des chefs de parties sont issus de l’ENA ou tout au moins de Sciences-Po ou d’une grande école de commerce. Le sont également hauts fonctionnaires de l’Etat et des cabinets; c’est à dire que la différence entre décideurs politiques et exécutants administratifs tend à se réduire. Heureusement avocats et médecins sont en nombre à l’Assemblée. Toutefois, la grande majorité des députés viennent soit de professions libérales soit des hauts corps de l’Etat. Depuis la quasi disparition du PCF et l’embourgeoisement du PS les ouvriers et les employés sont peu ou pas représentés au sein du parlement. Elles sont loin les législatures de 1936 ou 1981 où ouvriers, employés et instituteurs siégeaient sur les bancs du palais Bourbon. C’est un signe. Si l’assemblée censée représenter et être une représentation du peuple ne lui ressemble plus, c’est qu’il est nécessaire de changer de république afin de corriger ce qui ne va pas pour éviter que les électeurs finissent par se défier de la démocratie représentative et choisissent d’autres façons de s’exprimer, qui à plus ou moins long terme s’avèreront fatales pour notre démocratie (l’histoire nous a montré les travers de la démocratie directe). A ce propos, des députés socialistes dont Arnaud Montebourg défendent depuis plusieurs années l’idée de constituer une 6° république… n’hésitez pas à adhérer à cette initiative. Nous souffrons également d’une absence totale de pédagogie de la part de nos gouvernants. Peut-être savent-ils comment faire et quelles décisions prendre, mais ils n’en font que très rarement part à leurs électeurs. Ainsi si Lionel Jospin a perdu aux élections présidentielles de 2002, c’est en partie à cause de da morgue et de son manque d’explication lorsqu’il annonça que son programme n’était pas socialiste. Il n’a pas dit pourquoi, n’a rien expliqué, résultat ses potentiels électeurs ont préféré voter pour d’autres candidats de gauche afin de faire pression sur lui, en vue du second tour. Nous savons ce qu’il advint… Mais déjà quelques années plus tôt, il avait raté une occasion d’expliquer au peuple sa politique et ses contingences, quand il dit aux ouvriers de Michelin que l’Etat ne pouvait pas tout. Il avait certes raison, mais il n’a alors rien dit et rien expliqué à ces gens pour leur faire comprendre la réalité de cette phrase et les possibilités d’en amoindrir les conséquences. Ainsi a-t-il lui même instillé dans l’esprit des électeurs que droite et gauche finissaient par se ressembler. Nos hommes politiques sont victimes d’eux-même et de leur incapacité à s’ouvrir aux autres et à montrer leurs limites, à exprimer des doutes, comme s’il devait tout y perdre; alors, que l’opinion n’est pas dupe et sent que tout hommes politiques qu’ils sont, ils n’en sont pas moins hommes, avec leurs défauts et leurs incapacités. En politique, on ne perd rien à être franc et honnête, et à dire exactement ce que l’on pense. Bien au contraire. Mais les Mendes-France, les Blum, les Rocard, les Madelin (on peut le détester, mais il est le seul aujourd’hui à avoir le courage et le cran de dire et de faire ce qu’il pense) sont rares. Que les hommes politiques paient ce manquement à la plus élémentaire honnêteté politique, ce n’est pas bien grave; mais, malheureusement c’est notre démocratie qui risque d’en payer le prix (le vote aux extrêmes n’est pas un mirage…)
Une autre crainte a sans doute poussé les français à voter non dimanche dernier. Le fait que les parlements nationaux paraissent de plus en plus démis de leurs pouvoirs de légiférer. Puisqu’à chaque crise, à chaque coup de fièvre nos gouvernants affirment que « c’est la faute de l’Europe », puisque pendant la campagne tous les protagonistes ont affirmé que 70% des lois sont votées au parlement de Strasbourg, l’électeur a fini par comprendre que son député national ne sert plus à grand chose si ce n’est à enregistrer ce qui a été décidé au niveau européen. Or, cette constitution devait être l’occasion de renforcer le pouvoir de l’assemblée européenne…
L’électeur n’est ni sourd ni sot. Qu’est-ce à dire. Si l’Assemblée nationale n’est plus qu’une chambre d’enregistrement et si le parlement européen n’a pas beaucoup de pouvoirs de décision, alors qui décide pour moi? Une question sans réponse que chacun s’est posé en son fort intérieur et qui a causé en partie la défaite des défenseurs de cette Europe compliquée, à plusieurs niveaux, dont personne ne connaît ni le fonctionnement ni les rouages, une Europe très éloignée et très nébuleuse. Et enfin, comment convaincre le peuple français, celui de 1789 et de 1848, de tourner le dos à son parlement national, celui pour lequel il s’est battu à de nombreuses reprises, celui qui a permis au pays de se libérer de nombreux carcans, de l’oublier pour un autre sans explication, sans assurance? Il faudrait pour cela garantir au peuple que le parlement européen saura défendre ses intérêts aussi bien, qu’il saura légiférer en écoutant les vibrations du pays. La France s’est faite dans la rue. Le pays est rebelle et insurrectionnel. Nous n’avons pas la pratique parlementaire des anglais ou le fédéralisme allemand qui canalisent les ardeurs du peuple et permettent à sa colère de trouver un levier pour se faire entendre. En France, on descend dans la rue. Peut-être est-ce un signe de manque de maturité comme beaucoup le disent, mais c’est ainsi que notre démocratie est née et c’est ainsi que notre république a été maintes fois défendue. Le parlement de Strasbourg peut-il être sensible aux manifestations des français? Cela ne se peut.
Et les français l’ont compris. Pour permettre à ceux-ci de revenir sur leur décision et leur redonner ce goût si fin et si sublime de l’Europe, il est nécessaire de les rassurer et donc redonner à l’Assemblée nationale (que le quinquennat, décision électoraliste stupide, a contribuer un peu plus à dépouiller) de son pouvoir et de sa représentativité. La France, du fait de son histoire et de sa construction’ est opposée au libéralisme économique. Déjà aux commencements du capitalisme commercial et industriel, le modèle choisi fut le colbertisme où l’Etat prit une place prépondérante dans le développement économique du pays. Nous en sommes toujours là. 250 ans d’habitude ne s’effacent pas d’un trait. De la même façon, les anglais ont pendant 250 ans pris l’habitude ne faire du commerce et de produire sans aucune intervention de l’Etat, en toute liberté. De ce fait, les français n’ont pas une haute estime de la liberté. Ils lui préfèrent l’égalité pour ce qu’elle donne une grande place à la justice. Le peuple français ne supporte pas l’injustice (nous en avons des exemples chaque jour) et ne peut donc accepter un modèle économique uniquement base sur la liberté. Il a besoin que des corrections soient apporté afin que chacun est une petite chance de pouvoir se défendre. Il s’agit là de la base même du « modèle français ». or, le monde tend de plus en plus à s’ouvrir et donc à courir après les mirages de la liberté défendus par les sirènes du libéralisme économique. Nous ne pouvons en vouloir aux peuples des pays écrasés et affamés par l’appareil soviétique russe ou par l’étau communiste chinois. Ils ont une grande soif de liberté. Nous devons le comprendre et l’accepter. Cependant, dans notre grande sagesse, nous ne devons pas pour autant accepter de rentrer dans la mise en compétition des peuples que le capitalisme industriel et commerçant nous oblige à suivre sous prétexte que la liberté prime tout. Les français l’ont compris et ont aussi voté contre cela; ceci, d’autant plus que les défenseurs du oui ont traité de xénophobes (c’est souvent celui qui le dit qui l’est, non?) ceux des défenseurs du non qui ont dénoncé cette compétition imposée aux peuples afin de permettre aux capitalistes de plus grands bénéfices (caricatural, certes, mais tellement vrai!). Cette dénonciation n’a pas été faites contre les autres peuples, mais bien plutôt afin de défendre les quelques acquis sociaux des français, qui dans un avenir plus ou moins radieux pourrait ainsi montrer la voie à d’autres. Quels électeurs seraient prêts à mettre en danger les quelques petits avantages qu’ils ont su préserver aux prix de luttes acharnés, afin de défendre un système européen très éloigné d’eux, très complexe et dans lequel il leur semble ne plus disposer de représentants assez proches d’eux pour être entendus et défendus. Ils ont préféré garder ce qui leur reste.
Peut-être le peuple a-t-il eu tort de voter non, mais le peuple, en démocratie, ne peut se tromper. Cela veut dire que nos élus, nos représentants, nos gouvernants doivent entendre ce qui a été dit et demandé le 29 mai au travers de ce non qui résonne encore à nos oreilles, sous peine de voir le fossé s’élargir encore plus. Malheureusement, ils n’en prennent pas le chemin. Le président de la République a nommé un autre gouvernement avec quasiment les mêmes ministres, plus Sarkozy, le chantre du libéralisme économique et de la répression policière. Le non au referendum est un non au libéralisme sans protections sociales et égalité des chances (services publics, santé et enseignement gratuits, défenses des plus démunis, prise en charge des sans emploi, etc…) afin de préserver un minimum de justice à laquelle les français sont attachés; donc, un non à tout ce que le Ministre de l’Intérieur défend (et pourtant plus de 50% des français selon un sondage sont satisfaits de sa nomination. O, grands mystères de l’opinion publique…). Les dirigeants du PS font semblant de n’avoir rien entendu et s’occupent uniquement de régler leurs comptes en interne. Quelle avanie! Plus personne ne parle de l’Europe, alors que les électeurs hollandais, pour d’autres raisons sans doute, ont aussi repoussé le traité de constitution.
Nos élites rendraient un grand service à la démocratie et donc à eux-mêmes s’ils venaient nous dire : Nous vous avons entendu. Dorénavant, nous essaierons de vous expliquer le pourquoi et le comment de nos prises de décision. Nous vous expliquerons le fonctionnement de l’Europe et ce que vous y gagnerez et ce que vous y perdrez, afin que vous vous fassiez une juste opinion de la chose et ainsi empêcher tous les bonimenteurs de vous promettre le chaos ou un avenir radieux. Nous nous engageons à construire une Europe plus simple, plus proche tout en renforçant nos parlements nationaux en permettant à leurs membres d’intervenir plus directement dans cette construction et dans la prise des décisions. Nous nous engageons à bien définir les compétences européennes et ce qui demeure de la responsabilité de chaque état, afin que tous les citoyens européens sachent qui les défend sur quoi. Il est permis de rêver, mais c’est aussi à chacun de nous, électeur, de peser sur nos dirigeants afin de les obliger à changer de façon de faire, il s’agit de notre responsabilité. A notre tour, nous ne pouvons nous permettre de nous esquiver.
Frédéric Maurau